Redéploiement du Musée de la Tapisserie
« En matière de rayonnement économique et culturel, le redéploiement du musée de la Tapisserie est le projet le plus complexe et le plus ambitieux jamais porté par la Ville de Bayeux. » C'est avec ces mots que Patrick Gomont, Maire de Bayeux, a introduit la réunion de présentation des esquisses du futur musée de la Tapisserie aux habitants, journalistes et curieux venus nombreux vendredi 2 février à l'Espace Saint-Patrice pour découvrir le visage du nouvel écrin de la broderie millénaire. Un projet à 38 millions d'euros HT avec un financement garanti par un contrat de plan interrégional État-Région (CPIER-CPER) dont la répartition se fait entre les quatre partenaires : l'État, propriétaire de l'oeuvre, la Région Normandie, le Département du Calvados et la Ville de Bayeux. Pour la Ville, l'enveloppe est de 6,9 millions d'euros HT.
Rappel des enjeux
Depuis 2013, plusieurs diagnostics ont démontré la fragilité de l'oeuvre. Les interrogations sur les conditions actuelles de sa conservation ont mené à étudier un nouveau mode de présentation pour assurer sa préservation. À l'avenir, pour lui éviter toutes tensions, elle devra être exposée de tout son long, sur un support incliné. Avec ses 70 mètres de long, la dimension de la Tapisserie conditionne ainsi la construction d'un bâtiment neuf pour pouvoir l'accueillir. Par ailleurs, installée depuis 40 ans dans le Grand Séminaire, la Tapisserie de Bayeux attire plus de 400 000 visiteurs chaque année. La gestion des flux est très contrainte dans ce bâtiment du XVIIe siècle. Aujourd'hui, il ne correspond plus aux attentes en matière de confort de visite, d'accessibilité et d'appropriation de l'oeuvre.
Durant plusieurs mois, l’agence d’architecture britannique RSHP, lauréate du concours de maîtrise d’œuvre avec son équipe internationale et pluridisciplinaire, a ainsi travaillé sans relâche en collaboration avec les porteurs du projet pour proposer une réponse de qualité aux différents enjeux de conservation préventive et mise en valeur de l’œuvre, d’impact urbain et de calendrier.
Les premières esquisses
Le futur musée de la Tapisserie restera en coeur de ville et fera s'articuler l'ancien et le contemporain avec deux ensembles architecturaux. Dans ce périmètre urbain de 11 000 m², une extension neuve sera adossée à l'actuel Grand séminaire qui sera entièrement rénové. Il est essentiel de garder l'oeuvre et le musée qui l'abrite non loin de la Cathédrale, pour continuer de dérouler le fil de son histoire et surtout ne pas déséquilibrer les logiques économiques et touristiques existantes.
Comme tous les projets d'urbanisme en secteur sauvegardé, celui du redéploiement du musée est soumis à l'avis de l'Architecte des Bâtiments de France. Les règles d'urbanisme sont différentes entre une rénovation et une construction neuve. Ici, le Grand Séminaire est préservé quand l'extension est créée. Par le passé, des bâtiments neufs comme l'extension du centre hospitalier, ou des rénovations comme la Halle ô Grains, se sont bien intégrés dans l'architecture ancienne.
Futur musée de la Tapisserie de Bayeux - Visualisation de l'espace de transition entre le batiment ancien et le batiment neuf (depuis la rue de Nesmond) © RSHP
Futur musée de la Tapisserie de Bayeux - Visualisation du hall d'accueil © RSHP
Parcours de visite
Dans le détail, la surface du parcours de visite va doubler dans le nouveau musée. Par une construction ingénieuse des espaces sur deux niveaux, le public découvrira la broderie en trois temps, avec trois regards différents sur l'oeuvre. Après une introduction de 15 minutes, le visiteur progressera sur une rampe en surplomb de la galerie d'exposition de l'oeuvre. Ce premier regard se veut être un choc visuel devant sa monumentalité avec une vue à 180°.
Futur musée de la Tapisserie de Bayeux - Vue salle introduction visite © Atelier Brückner - RSHP
Futur musée de la Tapisserie de Bayeux - Visualisation des espaces d'interprétation (en surplomb de la galerie de l'oeuvre) © Atelier Brückner - RSHP
Dans un parcours rapide d'environ une heure, le visiteur pourra - après sa découverte de l'oeuvre, se diriger vers la sortie en passant par la boutique. Dans un parcours long, le public aura accès au deuxième niveau du musée : les espaces d'interprétation. Il pourra poursuivre son exploration tout en restant en contact visuel avec l'oeuvre originale située en contrebas. Ce nouveau parcours permettra au public d'approfondir son expérience - en immersion dans le monde médiéval - et ses connaissances, à l'appui des résultats des récentes recherches scientifiques sur la Tapisserie.
Futur musée de la Tapisserie de Bayeux - Visualisation des espaces d'interprétation (en surplomb de la galerie de l'oeuvre) © Atelier Brückner - RSHP
La gestion des flux et les conditions d'accueil seront fortement améliorées avec la création d'espaces plus en adéquation avec les attentes actuelles du public : grand hall d'accueil, espace de convivialité, vestiaires, salles dédiées aux groupes scolaires, salle d'études, auditorium, salle d'exposition temporaire... Un soin particulier sera apporté à l'accessibilité des publics en situation de handicap, avec une muséographie adaptée et surtout un accueil enfin possible par la cour d'honneur, réaménagée pour répondre à ces enjeux d'accès pour tous.
Futur musée de la Tapisserie de Bayeux - Vue de la cour d'honneur du batiment du XVIIe siècle (entrée des visiteurs) © RSHP
Début des travaux en 2025
L'objectif partagé par tous les partenaires est de mener le projet pour une ouverture du nouveau musée en 2027, à l'occasion du millénaire de la naissance de Guillaume le Conquérant. Tenir ce délai implique de fermer le musée actuel après la saison estivale 2025. Pour les professionnels du tourisme et les acteurs économiques, cela signifie que seule l'année 2026 sera entièrement impactée par l'absence de la Tapisserie de Bayeux.
Durant les travaux, la Tapisserie sera mise à l'abri dans une réserve spécifiquement aménagée pour sa parfaite conservation. L'extraction de sa vitrine actuelle et son conditionnement seront menés en étroite collaboration avec les services de l'État, propriétaire de l'oeuvre, afin d'en assurer sa préservation. Irremplaçable par définition puisqu'unique au monde, la Tapisserie ne sera pas remplacée par une réplique afin de ne pas décevoir les visiteurs. Des animations inédites pourraient être proposées : son et lumière, exposition en ville ou encore panneaux d'interprétation permettraient de faire vivre différemment l'oeuvre en son absence.
Les esquisses du futur musée sont visibles au sein de la Chapelle de la Tapisserie, située dans la cour d'honneur du musée actuel. Cet espace d'information dédié au projet est en libre accès aux horaires d'ouverture du musée.