Histoire - Les noms de rue
Héritage médiéval
À travers les noms de ses rues, l’histoire de la ville de Bayeux transparaît : rue des Bouchers, rue des Tanneurs, des Teinturiers, rue Laitière ou des Cuisiniers... L’organisation médiévale, par corporations, a laissé des traces. Il aurait pourtant pu en être autrement... La rue Laitière, par exemple, du nom des marchands de lait qui y étaient établis, a été renommée en 1925 rue Baron Gérard avant de retrouver en 1957 son nom originel. L’ancienne « rue Sous le Mur », actuelle rue Larcher, a elle aussi connu bien des changements en seulement quelques décennies... Nommée d’après sa proximité avec le mur d’enceinte médiévale, la voie qui n’était à la fin du XVIIIe siècle « qu’un chemin tortueux et mal entretenu »* voit son visage changer lorsque M. Larcher de la Londe, alors Maire de Bayeux, la fait redresser et paver. Nouvellement connue sous le nom de rue Neuve, elle sera rapidement renommée rue Larcher.
Éclate alors la Révolution. À cette époque, les rues sont rebaptisées. La rue Larcher deviendra un temps rue de la Constitution avant de retrouver en 1823 son nom définitif. D’autres artères et places vont troquer temporairement leurs dénominations pour des versions révolutionnaires. Ainsi la rue Saint-Jean est-elle devenue la rue de la Convention, la rue Saint-Malo la rue Marat, la rue Saint-Laurent celle du Bonnet-Rouge et la rue des Chanoines... Celle des Sans-Culottes. La Cathédrale et son parvis n’échappent pas à cette page de l’Histoire et deviennent respectivement « Temple » et place de la Raison.
Illustres personnages
D’autres stigmates de l’histoire locale se retrouvent dans les noms de rue. Au nord de la ville, un quartier dessine à lui seul l’arbre généalogique de Guillaume le Conquérant : avenue de la Reine Mathilde, squares Arlette, Harold, Odon de Conteville... Ce dernier, ancien évêque, n’est pas le seul ecclésiastique représenté à Bayeux. Disséminés dans la ville, on retrouve ainsi Saint-Exupère, Saint-Loup et Saint-Patrice. À jamais, ils côtoient les anciens maires Genas-Duhomme, Conseil, Gauquelin Despallières, Henry Delmas, Elie Dodeman ou encore Henry Jeanne. Des personnalités locales qui ont laissé leur empreinte à Bayeux, à l’instar des donateurs du MAHB – le Baron Gérard, Marie-Anne Cuiret, Augustin Lamare-Picquot et Louis-François Doucet – dont les rues se rencontrent au nord de Bayeux.
Une postérité parfois offerte à des figures nationales ; c’est le cas du boulevard Sadi Carnot, renommé suite à l’assassinat du Président de la République en 1894, ou de la rue Royale, rebaptisée après le passage du Roi Louis XVI à Bayeux. Des témoignages historiques précieux qu’il convient de conserver.
Une responsabilité
Choisir les noms de rues représente ainsi une grande responsabilité. Aujourd’hui encore, les services et élus de la Ville sont amenés à proposer des titres pour de nouveaux quartiers, de nouvelles impasses ou de nouvelles infrastructures. Sur propositions du MAHB, qui détient la richesse documentaire, les élus ont ainsi récemment défini les noms des rues du nouveau quartier des Libérateurs. Dans cette partie récente de la ville, peu d’éléments archéologiques, peu de faits historiques, pas de naissances célèbres. Le MAHB s’en est tenu au nom donné au quartier et sa situation proche du cimetière britannique. Les rues du 7 juin 1944, de la 50e Division britannique, des Royal Engineers ont ainsi rejoint l’index bayeusain.
À chaque rue son histoire ; quelle est la vôtre ?
*Source : 14e volume de la Société des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Bayeux - 1924