Bayeux Demain

Retrouvez chaque mois sur cette page l'expression des élus de la minorité Bayeux Demain.

Expression du 10 novembre 2025 - COP 30 - Une planète à +1,5°C

Le Monde a publié une série d’articles en cette fin de mois d’octobre sur six endroits de la planète particulièrement marqués par le réchauffement climatique. Un état des lieux édifiant : la transformation est à l’œuvre et l’adaptation bien laborieuse… et très coûteuse ! Une motivation pour tout faire pour freiner cet engrenage mortifère, avant que nous ne puissions plus trouver de solutions, ni financièrement, ni techniquement...

* le Svalbard, en Norvège : l’archipel norvégien s’est réchauffé de 4° en trente ans sous l’effet de la fonte des glaces et de la neige (elles ne réfléchissent plus le rayonnement solaire) et des eaux de plus en plus chaudes du Gulf Stream. En 2024, les 2 200 glaciers de l’archipel ont connu la plus grande perte de masse annuelle de toutes les régions glaciaires du monde. « Ils sont en phase terminale », selon Léo Decaux, glaciologue. Les conséquences sont nombreuses : plus de précipitations, de vent, d’avalanches, de glissements de terrain… Certains phénomènes ont détruit des habitations et fait des victimes, obligeant la municipalité à raser 144 maisons de manière préventive. Cet environnement déjà hostile est devenu imprévisible et encore plus dangereux. L’Arctique jouant un rôle de climatisation sur la Terre, son bouleversement nous affecte aussi.
Audrey Garric. Au Svalbard, un scénario catastrophe devenu réalité. Le Monde. 28 octobre 2025.

* Lytton, au Canada : il y a 4 ans, dans l’après-midi du 30 juin 2021, la chaleur était accablante (49°6 C). En quelques dizaines de minutes, le feu, parti des rails du chemin de fer, a dévoré ce petit village de Colombie britannique. Les habitants se réfugient dans les réserves autochtones. Beaucoup sont traumatisés et ne reviendront pas dans le village, réduit à un terrain gris et poussiéreux. La Colombie britannique a été frappée alors par l’événement climatique le plus extrême de l’histoire du Canada, popularisé sous le nom de « dôme de chaleur ». L’anticyclone est resté bloqué au même endroit pendant une semaine, agissant comme un couvercle. Le réchauffement climatique rend cet événement extrêmement rare 150 fois plus probable. Cet été, 7,3 millions d’hectares de forêt canadienne sont partis en fumée : une des saison les plus dévastatrices jamais enregistrées dans le pays.
Delphine Roucaute. Lytton, au Canada, vivre malgré la peur des feux. Le Monde. 29 octobre 2025.

* Saint-Louis du Sénégal : la ville historique, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, sera en grande partie immergée d’ici la fin du siècle. Aucun point de cette cité du XVIIe siècle n’est à plus de deux mètres au-dessus du niveau de la mer. Mais avec le dérèglement climatique, elle se rapproche. L’Afrique de l’Ouest a vu le mercure monter de 2,1°C au-dessus des moyennes pré-industrielles. Des tempêtes récurrentes ont emporté maisons, écoles et mosquées du quartier de Guet Ndar, où vivaient 25 000 personnes. 12 000 pêcheurs doivent rejoindre une ville nouvelle, bâtie pour les accueillir à 5 km de là, avant fin 2026. Ils ont été expropriés d’une bande de 20 mètres de sable menacée par les vagues. 57 % des populations de poissons en eaux sénégalaises sont en situation d’effondrement. L’augmentation des températures de surface de la mer dans cette région, parmi les plus fortes au monde, inciteraient les sardinelles (poisson du plat traditionnel, le thiéboudiène) à chercher une eau plus fraîche au nord. La communauté commence à envisager une autre vie que la pêche. Pour l’heure, Saint-Louis survit, avec le tourisme et l’exploitation gazière. 12 autres villes majeures d’Afrique de l’Ouest sont fortement exposées aux risques de submersion : Dakar, Lagos, Adidjan…
Maryline Baumard. A Saint-Louis du Sénégal, le combat contre la montée des eaux. Le Monde. 30 octobre 2025.

* La Sicile : inondations brutales, élévation du niveau de la mer, sécheresses dramatiques, incendies… les désastres climatiques se conjuguent sur cette île peuplée de 5 millions d’habitants. Le 2 février 2025, le ciel a déversé 140 millimètres de pluie en 4 heures sur les hauteurs de Saponara. L’eau a dévalé les rues transformées en torrents de boue. La « bomba aqua » a explosé sans prévenir. Sept mois après, la route principale attend d’être réparée et le traumatisme est toujours là. « La Sicile fait face à deux conséquences du réchauffement : les vagues de chaleur, avec des sécheresses longues qui se multiplient, mais aussi des phénomènes atmosphériques orageux rendus de plus en plus violents à cause des températures extrêmes de la Méditerranée. C’est un cocktail explosif qui rend la Sicile particulièrement vulnérable. Toute cette région est en première ligne de ce que vont endurer beaucoup de pays dans l’hémisphère Nord dans les années à venir », résume Davide Faranda, climatologue.  Ce supplice climatique se voit partout : disparition d’une promenade en bord de mer, d’une église sur les hauteurs, d’une réserve naturelle… Tout un écosystème disparaît, au profit d’un autre avec des espèces envahissantes, comme le ver de feu ou le poisson-coffre. La désertification menace les terres agricoles, l’eau est rationnée. Les terres cultivées en blé sont passées de 900 000 hectares en 1900 à 150 000 en 2024. Les agriculteurs, pour résister, testent de nouvelles variétés, mélangent les cultures, laissent vivre le sol... Pareil pour les arbres. Ainsi, face au changement climatique, la Sicile ne sombre pas. Zone de front, mais aussi laboratoire, ses habitants bataillent pour tenter de trouver une issue à l’impasse climatique.
Matthieu Goar. La Sicile, assaillie par les fléaux climatiques. Le Monde. 31 octobre 2025.

* Le delta du Mekong : peuplé de 18 millions de personnes, le delta produit la moitié du riz du Vietnam et 95 % de ses exportations agricoles , 70 % de sa production de fruits et 65 % de son aquaculture. Le tiers de la population se regroupe sur le delta et sa capitale. Mais ces espaces fluviaux qui ont façonné une partie de l’âme vietnamienne  sont fortement menacés par la montée du niveau de la mer et par un autre phénomène : la subsidence. Le delta du Mekong s’enfonce. L’économie doit s’adapter à la salinité. Diversité des cultures et dispositifs préventifs ne viennent pas à bout de la salinisation, les marées remontant toujours plus loin. L’exploitation du sable aggrave encore la situation. Son extraction atteindrait de 35 à 55 millions de mètres cubes annuels pour 2 à 4 millions de mètres cubes entrant. Ho Chi Minh Ville lutte aussi contre l’eau et tente de retrouver un fragile équilibre entre fleuve et mer pour survivre.
Brice Pedroletti. Le delta du Mekong menacé de submersion. Le Monde. 3 novembre 2025.

* L’Aude : le bassin de la rivière l’Orbieu qui couvre 45 000 habitants s’est réchauffé de 1,5°C en un demi-siècle. Une augmentation des températures qui hausse l’évapotranspiration. Conséquence : il y a de moins en moins d’eau disponible, d’autant que les précipitations ont baissé de 37 % entre 1995 et 2024. C’est l’un des territoires français où l’état de la ressource en eau est la plus préoccupante. Des communes aux sources taries doivent être alimentées en camion-citerne. Avec la sécheresse, les vignes produisent moins et certains pieds meurent. Le 5 août 2025, un incendie gigantesque a débuté sur les hauteurs de l’Orbieu. Il hante les esprits : il a ravagé 17 000 hectares et fait une victime. Le maire de Ribaute espère une prise de conscience pour repenser l’aménagement du territoire. Il craint que la déprise agricole ne s’accentue et que les friches envahies par la garrigue favorisent de nouveaux brasiers. De plus en plus de voix réclament le retour des troupeaux, le pastoralisme étant vu comme un levier contre la désertification sociale et économique. Le tourisme pâtit d’une période estivale de plus en plus marquée par des vagues de chaleur. Paradoxalement, les crues de l’Orbieu risque de devenir plus fréquentes avec le réchauffement climatique. Les dégâts des pluies extrêmes sur des sols nus sont redoutés. Mais personne ne songe à abandonner les Corbières…
Léa Sanchez. L’Aude aux avant-postes du dérèglement climatique en France. Le Monde. 4 novembre 2025.

Quid pour la Normandie ?

Le réchauffement climatique, une réalité aussi à l’échelle de la Normandie. Terminus des science. https://terminusdessciences.fr/

Voici les conclusions récentes du GIEC normand : Les travaux menés par le cadre GIEC normand montrent clairement que le changement climatique est aussi une réalité en Normandie. Il se marque par:

  • une augmentation de la température entre +1 °C et +2 °C depuis 1970 sur toutes les stations météorologiques normandes,
  • une augmentation du nombre de jour de chaleur,
  • une diminution du nombre de jour de gel, de neige et de brouillard.

Les projections à l’horizon 2100 indiquent une élévation de la température atmosphérique moyenne annuelle entre +1 °C et +4,5 °C, une diminution des précipitations moyennes annuelles, une augmentation du pourcentage de précipitations extrêmes et des inondations associées et des épisodes de canicules et de sécheresses.

Les conséquences sur les ressources en eau se marqueront par une diminution du débit moyen de la Seine et des rivières et des réserves en eau souterraine et une dégradation de la qualité de l’eau. Concernant, l’élévation du niveau marin, on constate depuis 1960 une élévation du niveau de la mer de +2,2 mm ± 0,1 mm par an, qui s’accentuera à l’horizon 2100 pour atteindre +0,4 à +1 m, avec de lourdes conséquences en terme d’inondation et de recul du trait de côte.

Ces effets sur les écosystèmes continentaux, marins et littoraux du territoire normand auront des impacts sur la santé et les activités économiques…

Face au changement climatique, il est donc urgent d’agir pour mettre en place des mesures à la fois d’atténuation et d’adaptation appropriés aux spécificités du territoire normand.

En savoir plus : https://www.normandie.fr/giec-normand
En complément, cette émission très intéressante à écouter : S’adapter ou subir : comment vivre dans un monde à +1,5°C ? France Culture. 28 octobre 2025. 58’.

Agnès FURON, Dario PIZZUTO, Stéphanie ASTIER et Richard BROUZES

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