Charlie Watts ne se contentait pas de jouer de la batterie : il était un fervent collectionneur de littérature et avait rassemblé quelques œuvres des plus grands auteurs du XXe siècle. Parmi les 289 lots - dont de rares exemplaires originaux d’Agatha Christie ou encore une édition de 1925 de Gatsby le magnifique - se trouvait un objet original : une réplique victorienne grandeur nature de la Tapisserie de Bayeux, pour laquelle la Ville de Bayeux a remporté les enchères au marteau pour un montant de 16 000 £. Cette acquisition exceptionnelle bénéficie du soutien du Fonds régional pour l’acquisition des musées (FRAM).
Un peu d'histoire...
Cette image grandeur nature de la broderie du XIe siècle a été produite en 1874 d’après la première campagne photographique de l’œuvre, réalisée deux ans plus tôt par le South Kensington Museum (actuel Victoria & Albert Museum). À l’échelle 1, cette reproduction est présentée sur deux supports en chêne d’origine de 140 cm de hauteur sur lesquels l’image se déroule. « À notre connaissance, seuls six tirages - dont celui-ci - à l’échelle 1 ont été réalisés à l’époque par la société Arundel, spécialisée dans la reproduction d’art médiéval. Un autre exemplaire de ce type est actuellement conservé par le Victoria & Albert Museum à Londres. Un deuxième est identifié chez un particulier gallois anonyme. Ils ont tous été recolorisés à la main par la National Art Training School de Londres (aujourd’hui Royal College of Art), sur place à Bayeux, pour un maximum de fidélité, » explique Antoine Verney, conservateur en chef des musées de Bayeux.
Le Victoria & Albert Museum possède toujours les plaques de verre de la campagne photographique de 1872. Partenaire du musée de Bayeux depuis 2022 pour l’amélioration de la connaissance de la Tapisserie, il a réalisé le constat d’état de la réplique victorienne en amont de sa vente aux enchères. L’institution londonienne considère qu’il s’agit du plus long panorama photographique du XIXe siècle et qu’il a contribué largement à populariser l’image de la Tapisserie de Bayeux à travers le monde. L’objet a en effet été présenté lors de plusieurs expositions universelles : celle de 1873 (Londres, Royal Albert Hall) et celle 1893 (Chicago, Women’s Building).
Une acquisition exceptionnelle
« C’est un objet unique, d’une taille qui impressionne et dont l’origine et le parcours ne pouvaient pas nous laisser indifférents. Nous avons décidé de suivre ces enchères de près même si nous avions peu d’espoir de pouvoir l’acquérir, pensant que le prix allait s’envoler. Or, la 14e et dernière enchère était finalement celle du musée ! Cette acquisition est une vraie richesse patrimoniale que nous espérons pouvoir exposer dans le futur musée, pour un retour au plus près de sa source de création, après 150 ans de séparation, » commente Loïc Jamin, maire-adjoint en charge des musées, du tourisme, de l’attractivité et de la valorisation du patrimoine.
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